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et trop soutenue des éléments vivants, d'après cette grande loi de la physiologie que toute stimulation immodérée ou prolongée du système nerveux est suivie inévitablement, et au bout d'un certain temps, de la dépression ou de l'affaiblissement de ce système; c'est ainsi qu'on explique ce fait intéressant et qui se remarque pour tous les modificateurs nervins, dont l'action est différente et même contraire suivant l'intensité et la durée de leur action sur les éléments nerveux impressionnés; si bien qu'un de nos maîtres a pu dire avec raison: « Le vin qui éveille le cerveau à doses modérées est le même qui, avec quelques verres de plus, jette l'homme ivremort, et la foudre qui paralyse le mouvement est la même chose que l'électricité qui guérit la paralysie! » (1).

(1) Hirtz, art. DIGITALE, Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, t. XI, p. 536.

I. Les boissons aromatiques (café, thé, maté, cacao, coca) exercent dans l'organisme sain les effets suivants :

A. Système nerveux cérébro-spinal: excitation plus ou moins vive des fonctions cérébrales et des facultés intellectuelles, de la sensibilité (hypéresthésie) et de la motilité (spasmes, tremblements).

B. Système grand sympathique: excitation des nerfs vasomoteurs, d'où constriction des petits vaisseaux, anémie et refroidissement des organes et des tissus, ralentissement de la dénutrition.

C. Circulation: Primitivement, excitation du cœur, d'où accélération du pouls et augmentation de l'amplitude des pulsations; et secondairement, par suite de l'excitation du système vaso-moteur, diminution de l'amplitude des oscillations, augmentation de la tension artérielle et ralentissement du pouls. D. Chaleur organique abaissement de la température

périphérique.

E. Nutrition

ralentissement de la dénutrition et diminution des déperditions organiques azotées, et principalement de l'urée éliminée par les urines.

II. Cette action complexe dépend de la présence dans chacune de ces boissons:

1o D'essences aromatiques, qui y prennent naissance sous l'influence de la torréfaction, et qui, bien que malheureusement trop peu connues des chimistes et trop peu étudiées par les physiologistes, se révèlent cependant par des caractères propres (odeur et saveur) qui ne peuvent laisser le moindre doute sur leur existence et sur leur action physiologique;

2o D'un alcaloide spécial qui, sous différents noms (caféine théine, theobromine, cocaïne), existe tout formé avant la torréfaction;

3o De substances azotées (albumine, légumine, etc.) et de

principes inorganiques (chlore, acides phosphorique et sulfurique, potasse, chaux, fer, etc.);

4° De substances amylacées ou sucrées (amidon, dextrine, glycose) et de corps gras (oléine, palmitine, beurre de cacao, etc.).

A. A la présence des essences aromatiques doit être rapportée l'influence de ces boissons sur les facultés intellectuelles, dont elles augmentent l'activité et dont elles favorisent le fonctionnement (effets céphaliques).

B. A la présence de l'alcaloïde doivent être rapportés : a. Leur influence sur la moelle épinière (effets médullaires), dont elles augmentent le pouvoir excito-moteur et par l'intermédiaire de laquelle elles agissent sur les nerfs sensitifs (hyperesthésie) et sur les nerfs moteurs (secousses musculaires et tremblements), ainsi qu'on le remarque après leur ingestion immodérée;

b. Leur influence sur le grand sympathique, qu'elles excitent, et par suite de cette excitation, sur la circulation (contraction de l'appareil vasculaire, anémie des téguments et des tisuss, augmentation de la tension artérielle, ralentissement des battements du cœur), sur la calorification (abaissement de la température périphérique), et sur la nutrition (diminution des oxydations intra-organiques, ralentissementde la dénutrition et amoindrissement des résidus éliminés par les sécrétions). C. A la présence des principes azotés et inorganiques doit être attribué leur pouvoir plastique et réparateur.

D. - Aux substances amylacées et sucrées et aux corps gras doit être attribué leur pouvoir thermogène ou calorifique. III. L'abus de ces boissons aromatiques peut déterminer certains effets pathologiques qui consistent :

1o Dans des troubles (dyspepsie, nausées, etc.) des fonctions digestives;

2o Dans des désordres (affaiblissement et débilité) 'du système nerveux.

FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE.

TROISIÈME PARTIE

APPLICATIONS A LA PHYSIOLOGIE ET A L'HYGIÈNE

CHAPITRE PREMIER.

ANALOGIE REMARQUABLE QUE PRÉSENTENT LES BOISSONS SPIRITUEUSES ET LES BOISSONS AROMATIQUES, TANT AU POINT DE VUE DE LEUR COMPOSITION CHIMIQUE QUE DE LEUR RÔLE PHYSIOLOGIQUE.

$1. - Grâce à l'étude à laquelle nous nous sommes livré dans les deux premières parties de ce travail, il nous est possible maintenant d'expliquer les analogies intéressantes entrevues depuis longtemps, mais non suffisamment démontrées, entre les boissons spiritueuses et les boissons aromatiques, tant au point de vue de leur composition chimique que de leur rôle physiologique.

D'abord il faut tenir compte de la présence dans les unes comme dans les autres d'un principe actif (alcool, caféine ou cocaïne), auquel on attribue généralement le ròle prédominant dans les effets que ces liquides déterminent sur l'économie. Or, quand on compare l'alcool, principe actif des boissons spiritueuses, à la caféine ou à la cocaïne, principes actifs des boissons aromatiques (café, thé, maté, cacao, coca), on arrive à découvrir entre les effets physiologiques de ces substances une analogie très-curieuse, comme le lecteur peut s'en convaincre en jetant les yeux sur le tableau suivant :

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TABLEAU comparatif des principaux effets de l'Alcool, de la Cafeine ou Theine et de la Cocaïne.

ALCOOL.

COCAÏNE.
(contenue dans le coca).

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10

Chez l'homme.

ACTION

Accélération du pouls, qui présente un maximum de 216 pulsations chez les chiens, et qui devient large et bondissant. (L. LALLEMAND, PERRIN et DUROY.)

Ralentissement consécutif; le pouls peut n'être pas perceptible. Augmentation de la tension artérielle. (A. MARVAUD.)

CAFÉINE OU THÉINE (contenue dans le café, le thé, le maté.)

ACTION SUR LE SYSTÈME NERVEUX. Léger assoupissement, suivi (a) à faible d'une stimulation circulatoire fadose vorable à l'exercice des fonctions (0 gr. 10).animales et principalement au travail intellectuel. (GUBLER.)

Violente excitation des systè(b) à haute mes nerveux et vasculaire, doudose leurs de tête, troubles des sens, gr. 30 à bruissement d'oreilles, scintillagr. 50). tion devant les yeux, délire.

(LEHMANN.)

20

Excitation des mouvements, puis hyperesChez lestésic, contractions toniques, cataleptiques et tétaniques, anesthésie et paralysie. (STULMANN animaux. et FALCK, A. MARVAUD.)

1° Chez l'homme. Dose 0 gr. 010 à 0 gr. 030

SUR LE COEUR, LA CIRCULATION ET LA TEMPÉRATURE. Excitation du système vasculaire. Palpitations avec fréquence, irrégularité et intermittence du pouls.

Puis diminution du nombre de pulsations. (JACCOUD.) Diminution du nombre des pulsations et augmentation de la tension artérielle. (A. MARVAUD.)

ACTION SUR LA NUTRITION.

Existe inaltérée dans le sang et passe dans les urines.
(LEHMANN, AUBERT.)

Abaisse la température, diminué la proportion d'urée
dans les urines. (EUSTRATIA DÈS, RABUTEAU, A. MAR-
VAUD.)

20 Chez

les

animaux.

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Excitation du système vasculaire, palpitations, puis, au bout de peu de temps, diminution du nombre des pulsations (de 48 à 34 en une demi-heure). (MORENO Y MAIZ ) Diminution du nombre de pulsations et augmentation de la tension artérielle. (A. MARVAUD.)

Elle s'élimine, au moins en partie, par les urines. (MoRENO Y MAIZ.)

Abaisse la température, diminue la proportion d'urée dans les urines. (A. MARVAUD).

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