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niques fut suivie de l'étude des troubles et des désordres que ce fonctionnement présente à l'état morbide : la physiologie pathologique grandit et progressa à côté de la physiologie normale.

Mais la physiologie ne devait pas se borner à éclairer le diagnostic, l'étiologie et la symptomatologie des maladies; elle devait en déterminer le traitement. Elle n'avait plus qu'un pas à faire pour dominer toute la médecine: elle mit le pied sur le domaine de la thérapeutique.

Ainsi fut fondée la physiologie thérapeutique, qui, bien que nouvelle venue dans la science, a déjà rendu des services immenses à l'art médical, grâce à sa méthode rationnelle et à ses procédés rigoureux d'investigation. En effet, aux inconcevables théories, aux mystérieuses croyances et aux étranges pratiques des médicastres et des pharmacologues, elle a substitué avec succès les recherches précises, les observations consciencieuses et les découvertes fécondes des expérimentateurs et des cliniciens.

La science a ses préférences, suivant chaque époque, pour telle ou telle branche de la médecine. Anciennement la séméiologie constituait son principal objet d'études. Nos prédécesseurs et nos contemporains ont dirigé leurs recherches vers l'anatomie pathologique; préoccupés surtout de la lésion dans chaque état morbide, ils en ont presque complétement négligé le traitement. C'est à peine si, depuis quelques années, nous commençons à nous occuper de physiologie thérapeutique; mais dans cette voie si longtemps déserte et à peine inexplorée, nos successeurs marcheront inévitablement et atteindront ainsi le véritable but que se propose le médecin, celui de soulager et de guérir.

Déjà, parmi les innombrables remèdes qui encombrent les formulaires, et dont l'emploi thérapeutique ne repose que sur l'empirisme le plus grossier et sur la routine la plus invétérée, quelques-uns ont été tirés de ce chaos par

la physiologie expérimentale, qui, les soumettant à son contrôle et en déterminant l'action sur l'organisme sain, a étudié leur rôle et précisé leurs applications sur l'organisme malade.

Un des agents médicamenteux qui ont été, dans ces derniers temps, soumis le plus souvent à ce contrôle, est sans contredit l'alcool, dont le triple rôle en hygiène, en pathologie et en thérapeutique, comme boisson alimentaire, comme substance toxique et comme médicament, était bien propre à fixer l'attention des savants, et offrait assez d'intérêt pour mériter de nombreuses recherches et de nouvelles expériences.

Quant au café et au thé, nous avons vu que préconisés et employés presque au hasard par quelques praticiens dans certains états morbides, ils ont été délaissés par le plus grand nombre. Pourtant, comme le constate Fonssagrives, ils occupent un rang distingué dans la catégorie de ces médicaments familiers que nous avons partout sous la main; « on les voit, on les touche, on vit avec eux, et on les dédaigne parce qu'on n'a pas appris à connaître ce qu'ils valent comme médicaments et ce qu'on pourrait en faire (1). »

En Amérique, la coca, cette panacée universelle des Indiens, est restée chez nous sans applications thérapeutiques. Enfin, nous ne savons à peu près rien des propriétés médicinales du maté.

§ 2. Mais, avant d'entrer en matière, nous croyons utile de faire une simple profession de foi sur la méthode qui nous semble préférable dans l'étude d'une substance médicamenteuse.

Il y a deux assises sur lesquelles l'action thérapeutique d'un médicament doit être établie :

1° L'expérimentation physiologique;

2° L'observation clinique.

(1) Voyez Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. XI, IIe partie, art. CAFÉ.

MARVAUD.

Aliments d'épargne.

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La première, l'expérimentation physiologique, doit précéder tout essai thérapeutique; elle doit partout et toujours renverser et remplacer l'empirisme, qui a dominé si longtemps la pratique médicale et dont nous trouvons encore des traces dans l'application des substances médicamenteuses que nous soumettons maintenant au contrôle expérimental.

En faisant connaître les effets de ces substances sur l'organisme sain, elle a acquis, il faut le reconnaître, dans ces derniers temps, une importance bien considérable. Ses principes sont les suivants :

A. Le médicament agit de la même manière sur l'organisme sain et sur l'organisme malade.

B. L'action curative de telle ou telle substance résulte de son action physiologique (1).

Quant à la seconde, l'observation clinique, elle contrôle les résultats de la première, elle les met en pratique et les utilise sur l'homme malade; elle les approprie aux besoins et aux exigences de tel ou tel organe atteint dans son fonctionnement, ou les dirige contre les atteintes et les ravages de tel ou tel élément morbide qui frappe l'économie.

Toutes les deux sont utiles et indispensables, et nous croyons que c'est d'elles que dépend l'avenir de la thérapeutique.

Il résulte des expériences physiologiques que nous avons instituées pour déterminer le rôle dans l'organisme de l'alcool et des boissons aromatiques, que ces liquides agissent sur l'homme sain :

1° Comme excitants du système nerveux cérébro-spinal ; 2o Comme antipyrétiques;

3o Comme antidésassimilateurs.

C'est à ces trois points de vue que nous allons maintenant étudier leur action sur l'homme malade.

(1) Voy. Gubler, Commentaires thérapeutiques du Codex, 2e édition, 1874, et Cl. Bernard, Leçons de pathologie expérimentale, 1872.

I.

INDICATIONS COMME EXCITANTS DU SYSTÈME NERVEUX CÉRÉBRO-SPINAL.

Utilité contre l'adynamie et certaines formes de délire.

§ 1. C'est principalement comme excitants généraux du système nerveux que l'alcool et les boissons aromatiques (café, thé) sont préconisés habituellement en thérapeutique. A ce titre, tous les cliniciens vantent leurs heureux effets pour combattre cette série de troubles divers que Brown rapportait à l'asthénie et Pinel à l'adynamie, et que Trousseau considérait comme représentant l'affaiblissement uniforme et simultané de tous les systèmes de l'économie (1).

Grâce à l'excitation prompte, vive et instantanée que ces boissons déterminent vers le système cérébro-spinal, et que personne ne peut mettre en doute, résulte une influence plus grande de ce système sur les appareils qu'il anime.

On s'accorde donc à reconnaître leur utilité dans certains états torpides où leur ingestion est rapidement suivie d'un réveil soudain des forces vitales et d'un surcroît d'exaltation et d'énergie des diverses fonctions animales. D'où leurs indications généralement acceptées dans les syncopes, les pertes de connaissance qui résultent d'un affaiblissement général de l'organisme ou qui surviennent à la suite d'une forte hémorrhagie ou d'une perturbation violente du système nerveux (commotion, état de torpeur ou de som

CHAPITRE II

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(1) Trousseau et Pidoux, Traité de matière médicale et de thérapeutique, t. II, 7e édit., p. 706.

nolence); dans tous les états d'atonie, de langueur et d'épuisement, dans les affections a frigore, dans la période de dépression ou de concentration (Gubler); dans l'algidité, soit consécutive à l'action prolongée du froid, soit due à un arrêt subit dans les oxydations organiques et dans les échanges respiratoires (choléra), enfin dans l'adynamie survenant pendant le cours ou le déclin d'une affection longueet profondément débilitante (pneumonie, fièvre typhoïde, etc.).

Outre l'adynamie, Trousseau admet qu'un autre état peut être avantageusement combattu surtout par les alcooliques nous voulons parler de l'ataxie, caractérisée dans certaines maladies par du délire, de l'agitation, de l'insomnie, des troubles nerveux plus ou moins intenses, et qui dans d'autres se rapproche singulièrement de la malignité, si bien que, pour l'illustre clinicien de l'Hôtel-Dieu, ces deux états peuvent être confondus ensemble.

Il est vrai qu'avant Trousseau, les auteurs avaient insisté sur la valeur de l'alcool contre le délire de la pneumonie et avaient noté que ce symptôme si grave pouvait, dans certains cas, se dissiper sous l'influence d'une simple dose d'eau-de-vie; mais on ne s'expliquait pas nettement cet effet surprenant.

Van Swieten et Chomel avaient donné le précepte de donner de l'alcool aux ivrognes atteints de maladies aiguës, pour combattre le délire si commun chez eux. Cette pratique avait été suivie par leurs successeurs, et on en avait reconnu les excellents résultats, sans déterminer nettement la tolérance et les effets de l'eau-de-vie dans ces cas.

Il n'y a guère que dans ces derniers temps que des recherches nouvelles, ayant déterminé les conditions étiologiques du délire, ont montré que l'on devait attribuer cet état à des lésions organiques différentes et même opposées des centres nerveux. On sait, en effet, que le délire n'a pas nécessairement pour cause un état congestif ou inflammatoire des

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