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de la chaleur au corps refroidi du cholérique, dont ils n'élèvent la température que lorsque ces liquides ont été soumis préalablement à un chauffage suffisant; à ce point de vue, ils n'agissent pas autrement que toute espèce de boisson chaude.

Au contraire, s'ils sont administrés à doses trop fortes, leur emploi peut être dangereux, puisque loin de déterminer une élévation de la chaleur organique, ils doivent tendre au contraire à augmenter le refroidissement périphérique.

L'utilité de l'administration des boissons spiritueuses et aromatiques dans le choléra peut donc être attribuée d'abord à l'action générale que ces liquides exercent sur le système nerveux, dont ils réveillent les fonctions languissantes ou engourdies, pourvu que, comme nous l'avons dit, leur emploi soit sagement restreint dans des limites assez limitées qu'il serait toujours imprudent et souvent dangereux de dépasser; mais elle dépend surtout de l'excitation que ces agents déterminent, à petites doses, du côté de la circulation. Quand le cœur se contracte avec peine, quand ses battements sont à peine sensibles et que le tracé sphygmographique se traduit par une ligne presque continue et horizontale, l'emploi des spiritueux et des boissons aromatiques chaudes trouve son indication naturelle et précise, pour réveiller l'activité cardiaque, pour empêcher la stagnation du sang dans les parties profondes, pour rétablir la circulation à la périphérie et pour augmenter la force et l'ampleur des pulsations; effets d'autant plus précieux, qu'ils suivent rapidement l'administration des agents médicamenteux qui leur donnent naissance.

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Nul auteur mieux que S. Jaccoud n'a démontré l'utilité des boissons spiritueuses et aromatiques dans certaines

affections du cœur, alors que la faiblesse des battements cardiaques et l'apparition des accidents qui constituent l'asystolie (abaissements de la tension artérielle, diminution ou suppression de la sécrétion urinaire, vertiges, éblouissements, bouffées de chaleur) indiquent une compensation ventriculaire insuffisante ou imparfaite. Dans ces cas, comme l'a constaté le savant clinicien de l'hôpital Lariboisière, les spiritueux, les boissons aromatiques (café, thé), les stimulants diffusibles (éther, acétate d'ammoniaque, etc.), dont l'action est prompte et énergique, peuvent rendre d'importants services par l'action excitante qu'ils exercent sur le système nerveux et par l'hyperkinésie qu'ils déterminent dans le fonctionnement du cœur (1).

On sait que le même auteur a insisté également sur les heureux effets que présente, dans ces cas, l'administration de la caféine, qui, tout en augmentant l'impulsion et la force du cœur, en régularisant les battements de cet organe et en augmentant la sécrétion de l'urine, possède une action analogue à celle de la digitale, comme l'indiquent les tracés sphygmographiques qui figurent dans son travail.

Les résultats que nous avons obtenus nous-même dans notre service du Val-de-Grâce, où nous avons employé l'alcool, la caféine et la cocaïne sur un grand nombre de sujets atteints de maladies du cœur, confirment les importants résultats signalés par Jaccoud à la suite de l'emploi de la médication stimulante dans certaines formes d'asystolie.

Les tracés sphygmographiques suivants ont été pris sur un homme de 28 ans, atteint de rétrécissement et d'insuffisance aortiques, avec troubles de la circulation: faiblesse, irrégularité des battements du cœur, anasarque surtout prononcée aux membres inférieurs, œdème pulmonaire, diminution de la sécrétion urinaire, hypertrophie et contraction ventriculaire insuffisante, accidents d'asystolie.

(1) Voy. S. Jaccoud, Leçons de clinique médicale. Paris, 1867, p. 207 et suiv.

Homme de 28 ans, atteint de rétrécissement et d'insuffisance aortiques. Tracé du pouls le jour de l'entrée du malade à l'hôpital (23 octobre 1873).

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Le second tracé indique les modifications constatées dans la forme et dans les caractères du pouls, à la suite de l'administration pendant trois jours de 2 décigrammes de caféine (injection sous-cutanée au moyen de la seringue de Pravaz): augmentation dans la force du cœur et dans l'énergie des battements de cet organe; accroissement de la tension sanguine dans les artères.

Notons en même temps qu'à la suite de ces modifications dans le fonctionnement du cœur, survient naturellement une amélioration notable dans l'état général du malade, grâce au rétablissement de la circulation, de l'augmentation de la sécrétion urinaire, etc., et à la diminution de l'anasarque.

Nous avons obtenu des résultats analogues en employant l'alcool et la cocaïne dans certains accidents d'asystolie, si communs chez les malades atteints d'affections organiques du cœur ; l'emploi de ces médicaments nous a semblé d'autant plus utile dans ces cas que, tout en ayant une action souvent comparable à celle de la digitale, ils offrent sur cette substance ce grand avantage que leurs effets thérapeutiques apparaissent avec beaucoup plus de certitude et de rapidité.

CHAPITRE III

INDICATIONS COMME ANTIPYRÉTIQUES.

On sait que la fièvre consiste essentiellement dans une augmentation de la chaleur organique, qui se traduit ordinairement par une élévation de la température animale, par des modifications de la circulation et par des troubles plus ou moins marqués du système nerveux (délire, hallucinations, insomnie, torpeur, coma, etc.) (1).

A. Élévation de température. Celle-ci est constante; elle oscille entre 37° et 42°. Elle explique en grande partie les autres phénomènes fébriles, qui, comme nous allons le voir, peuvent être considérés comme étant sous sa dépendance. Un point sur lequel nous devons appeler l'attention du lecteur et dont on n'a pas tenu suffisamment compte à nos yeux dans l'étude de la chaleur fébrile, c'est que cette élévation de température propre aux pyrexies doit être rapportée beaucoup moins à l'exagération des oxydations intraorganiques et moléculaires qu'à la combustion des matières grasses, soit introduites parmi les ingesta au sein de l'économie, soit contenues au sein des éléments vivants, et dont la consommation exagérée coïncide toujours avec l'augmentation de la chaleur organique.

Ainsi peut-on s'expliquer sans doute ces faits bien démontrés par l'observation clinique, à savoir, d'une part,

(1) Voy. Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, t. XIV, art. FIÈVRE, par Hirtz.

que dans les maladies fébriles où la température présente l'élévation la plus considérable, cette élévation ne persiste que peu de temps et cesse quand il ne reste plus pour l'alimenter dans l'organisme une provision suffisante de corps gras; d'une autre part, que rien n'est plus propre à augmenter cette chaleur fébrile que de nourrir le malade, comme rien n'est plus propre à enrayer cette chaleur que de soumettre le fébricitant à une diète rationnellement et sagement instituée.

Et ce qui tend encore à confirmer l'opinion que nous émettons ici, c'est qu'il est impossible d'établir une corrélation entre l'élévation de la température et l'activité des déperditions azotées qui se manifestent dans le cours des pyrexies; on sait même aujourd'hui qu'il existe certains états pathologiques dans lesquels, alors que la température reste au-dessous de la normale, on constate une élimination considérable de matières azotées (azoturie); c'est ce qui a lieu, en effet, dans le diabète sucré, dans le choléra, dans certaines formes de polyurie.

B. Modifications de la circulation. Ces modifications consistent, ainsi que l'a démontré parfaitement Marey (1): 1o Dans la rapidité avec laquelle le cœur chasse le sang dans le système vasculaire;

2o Dans la diminution de la pression sanguine dans le système artériel, due à l'augmentation de calibre des artérioles.

On pourrait rattacher le premier phénomène à la diminution d'action du grand sympathique, dont la section a pour effet, comme on sait, d'augmenter l'activité du cœur et d'accélérer les battements de cet organe, si Marey n'avait pas démontré, dans ses laborieuses et intéressantes expériences, que l'action du cœur est sous la dépendance du système vaso

(1) Voy. Marey, Physiologie médicale de la circulation du sang. Paris, 1863

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