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de la caféine et de la cocaïne, alcaloïdes très-actifs dont l'expérimentation chez l'homme et chez les animaux nous permet d'entrevoir suffisamment la valeur et l'utilité comme agents thérapeutiques, on y trouvera l'exposé des expériences par lesquelles nous avons cherché à déterminer l'action physiologique des principales substances actives contenues dans les boissons aromatiques et isolées des autres éléments avec lesquels elles sont associées dans chacune de ces boissons.

Grâce à ces expériences, il nous a été possible de mettre en opposition les effets de la caféone et ceux de la caféine, les effets de l'essence de thé et ceux de la théine, etc., et d'établir ainsi qu'il existe dans chacune des boissons aromatiques employées par l'homme (café, thé, coca, cacao) divers principes qui ont chacun leur spécialité d'action dans l'organisme, et qui impressionnent différemment le système nerveux. De la prédominance de l'un ou de l'autre de ces principes dans la liqueur absorbée (prédominance qui, comme nous le démontrerons, est subordonnée au mode de préparation employé), dépendent en grande partie les phénomènes variables qui se manifestent dans l'économie, et principalement dans le fonctionnement du système nerveux, à la suite de l'ingestion de chacune de ces boissons.

La TROISIÈME PARTIE (applications à la physiologie et à l'hygiène) présente l'étude comparée des effets physiologiques des boissons aromatiques, et spécialement de leur principe actif (caféine ou cocaïne), avec les effets physiologiques de l'alcool; ce qui nous a permis d'établir un parallèle assez intéressant entre les boissons spiritueuses et les boissons aromatiques, tant au point de vue de leur composition chimique que de leur action physiologique et de leur rôle

alimentaire. Nous expliquons la dénomination Evliments d'épargne que nous avons eru devoir appliquer à ces boissons artificielles, dont utilité dans le régime alimentaire nous est démontrée, comme excitants à la veille et au travail corporel et intellectuel, comme modérateurs des déperditions organiques, et comme moyens de suppléer à l'insuffisance de Talimentation. Pais, nous indiquons les principaux moyens qui nous paraissent efficaces pour obtenir la destruction du fléan appelé si improprement, suivant nous, le fēru de Falcoolisme.

Enfin, la QUATRIÈME PARTIE (applications à la thérapeutique, est consacrée exclusivement aux applications thérapeutiques des divers ingesta dont nous nous sommes occupé dans le courant de ce travail, et comprend l'étude des principales indications qui légitiment leur prescription dans un certain nombre d'états morbides.

Tel est, en résumé, le plan de l'ouvrage que nous soumettons aujourd'hui à l'indulgence de nos lecteurs et que nous recommandons spécialement à l'appréciation des hygiénistes, des économistes et des législateurs, de tous ceux enfin qui croient avec nous que l'amélioration du régime alimentaire des classes pauvres et laborieuses, en favorisant l'activité intellectuelle et la force matérielle des populations, intervient nécessairement dans une large part comme garantie de prospérité, de grandeur et de puissance pour l'avenir des nations.

Paris (Val-de-Grâce), le 15 avril 1874.

A. MARVAUD.

ALIMENTS D'ÉPARGNE

INTRODUCTION

Considérations préliminaires sur les aliments en général; leur influence sur les deux actes de la nutrition (assimilation et désassimilation) sur la calorification animale, sur le travail musculaire et intellectuel, sur l'état de veille; détermination et variations du régime alimentaire suivant les diverses conditions propres à l'individu; insuffisance de l'alimentation dans les classes pauvres et laborieuses.

LES

INGESTA ET ALIMENTS; LEUR RÔLE DANS LA NUTRITION

ET DANS LA CALORIFICATION.

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CHAPITRE PREMIER

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$1. La nutrition est une fonction propre aux êtres organisés; elle caractérise la vic. Elle préside en même temps. à l'entretien et au fonctionnement des éléments vivants au moyen d'un double courant, l'un centripète, qui apporte de l'extérieur les matériaux nécessaires à la réparation des parties usées de la matière organisée et au développement de la force vitale, l'autre centrifuge, qui entraîne les résidus qui proviennent de l'usure des humeurs et des tissus.

La nutrition.

Au premier correspondent les ingesta, au second les excreta.

Mais ce double courant, qui s'observe chez les êtres organisés, ne suffit pas pour caractériser la nutrition.

Les anciens pouvaient le croire, alors que les lois d'entreMARVAUD. Aliments d'épargne.

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tien, de développement et de fonctionnement des éléments vivants étaient imparfaitement connues. C'est ainsi qu'à plusieurs siècles d'intervalle, nous voyons Démocrite expliquer les phénomènes vitaux par l'existence d'atomes doués de la faculté de s'attirer ou de se repousser, et Cuvier, frappé de ce double échange qui se produit incessamment entre les corps vivants et les corps bruts, définir la vie un tourbillon.

Vivante ou morte, la matière est toujours dans un état d'activité moléculaire, soit qu'elle s'incorpore aux organes des êtres les plus élevés dans l'échelle animale, soit qu'elle se combine avec les éléments les plus simples du règne minéral. Ce mouvement de va-et-vient, qui s'opère dans chaque particule inorganique comme dans chaque élément organisé, qui se produit réciproquement entre le monde vivant et le monde extérieur, ne peut pas caractériser la nutrition, pas plus qu'il ne caractérise la vie, car il faudrait admettre alors que toute la nature fùt vivante, que l'atmosphère fùt animée, et il n'y aurait plus dans l'univers ni phénomènes physiques ni phénomènes chimiques, mais partout des phénomènes vitaux.

Telles ont été, comme on sait, les croyances et les erreurs de l'antiquité, depuis Pythagore, qui ne voyait dans l'homme qu'un abrégé de l'univers, jusqu'à Épicure, qui identifiait tous les êtres, en les considérant uniquement comme des assemblages d'atomes diversement associés.

Il y a un certain nombre de distinctions à faire entre le monde inorganique et le monde organisé, au point de vue des conditions différentes dans lesquelles se produisent les échanges et les transformations de la matière dans les corps bruts et chez les êtres vivants. D'abord, chez ces derniers, la matière présente une composition spéciale (combinaison de principes immédiats) et une structure particulière (association d'éléments cellulaires), si bien que le tourbillon se manifeste au sein de formes nettement carac

térisées (globules), dont les transformations sont continuelles et dont la durée est nécessairement limitée.

Ensuite, le double courant qui caractérise la nutrition des éléments vivants ne s'exerce pas directement entre l'élément organisé et le milieu extérieur, mais indirectement et par l'intermédiaire d'un véritable milieu intérieur (Cl. Bernard), le sang ou la séve, exclusivement propre à l'être organisé (animal ou végétal), et dans lequel sont confondus les ingesta et les excreta. C'est dans ce milieu intérieur, qui forme pour ainsi dire une atmosphère intermédiaire, une sorte de trait d'union entre le monde inorganique et le monde organisé, que les éléments vivants, d'une part puisent les principes nécessaires à leur entretien et à leur fonctionnement, d'une autre part rejettent les résidus de leur propre substance et les déchets qui résultent de leur consommation.

§ 2. C'est donc par les ingesta que s'opère l'entretien de la matière organisée. Ce sont eux qui, pénétrant dans l'économie par n'importe quelle voie, s'incorporent et s'assimilent à la substance vivante, c'est-à-dire deviennent semblables à elle (de assimilare, rendre semblable), pendant le premier acte de la nutrition, l'assimilation; ils remplacent ainsi les éléments qui disparaissent continuellement sous forme de composés plus ou moins étrangers à l'organisme, pendant le deuxième acte de la nutrition, représenté par la désassimilation.

De la simultanéité et de l'équilibre de ces deux phénomènes, dont l'un représente les recettes et l'autre les dépenses de l'économie, résultent l'entretien et la permanence des formes organisées.

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A ce sujet, il est une différence importante à signaler entre le végétal et l'animal tandis que le premier emprunte au monde inorganique des matériaux de nature minérale, qu'il modifie, qu'il décompose et dont il engage les éléments dans

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