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CHAPITRE III.

CLASSIFICATION D'APRÈS LES CARACTÈRES PHYSIQUES
ET LA LINGUISTIQUE.

Un nombre indéterminé de races humaines ne pouvait convenir à l'esprit méthodique du célèbre auteur du Règne animal. Riche de souvenirs, riche par son propre fonds, G. Cuvier (1) expose d'abord les caractères physiques des trois variétés principales qu'il admet, et ensuite, habilement versé dans l'étude des langues, il choisit la linguistique pour découvrir les affinités des peuples, éclairant ainsi, avec le flambeau des lettres, les routes ténébreuses de la science.

I. TABLEAU SYNOPTIQUE.

RACES HUMAINES DE CUVIER.

1o La blanche ou caucasique. 2o La jaune ou mongolique (2). 3o La nègre ou éthiopique.

(1) Voyez Règne animal distribué d'après son organisation, t. 1. p. 80. Paris, 1829, nouvelle édition. Cuvier trace le plan de l'histoire de l'homme en ces termes : « Nous exposerons ce que l'homme offre de particulier dans chacun de ses systèmes organiques, parmi tout ce qu'il a de commun avec les autres mammifères; nous examinerons les avantages que ces particularités lui donnent sur les autres espèces; enfin nous indiquerons l'ordre naturel du développement de ses facultés, soit individuelles, soit sociales. C'est l'anatomie comparée de l'être et la sociabilité.

(2) Mogol signifie blanc en langue indienne; ce qui tend à prouver d'après la philologie, que le Mogol jaune est blanc d'origine.

Originaire du Mont Caucase, la race blanche se subdivise en trois rameaux: 1o l'Araméen ou de Syrie; 2o l'Indien, Germain, Pélasgique; 3o le Scythe ou Tartare.

Le race jaune, descendue de la chaîne altaïque, s'est propagée en plusieurs lignes divergentes, constituant la branche nomade des Calmouques, des Kalkas, la branche civilisée des Chinois et celle des Mantchoux, actuellement soumise à l'empire de la Chine.

Arrivé à ce point de l'histoire naturelle, Cuvier hésite; la science lui paraît un labyrinthe; il incline à admettre une race malaise se ralliant au rameau indien; il signale la race douteuse des Papous, et c'est avec une grande circonspection qu'il porte ses vues élevées sur le Nouveau-Monde. Le grand homme ne trouve plus, sans doute, l'aiguille assez aimantée pour s'orienter dans cette nouvelle découverte de l'Amérique.

Cuvier a laborieusement défriché le champ de l'ethnologie: sa classification sert encore de modèle aux naturalistes; elle est digne d'éloges, car elle a donné aux recherches une impulsion immense.

Esprit fécond en grandes idées, doué d'une éloquence persuasive, Lacépède, dont le style pur coule de source, puroque simillimus amni, est le premier qui ait produit un ensemble de faits jusqu'alors inconnus et très remarquables, touchant la composition des peuplades américaines. Il cite M. Owen-Wiliams, de Baltimore, qui a découvert près de la Madwga, une tribu indienne mixte, différente de toutes les autres, et que l'on suppose originairement descendue de navigateurs égarés, partis du pays de Galles à l'époque de la domination des Saxons. Il paraît aussi admettre des aborigènes au Mexique. D'où vient cette opinion? En comparant les idoles et les naturels de l'Asie et d'Amérique, on a conclu que l'habitant du Nouveau-Monde ne pouvait, dans ce pays, provenir de l'Asiatique. Les divinités ou les héros mexicains, Astèques et Toltèques, ont le front comprimé, étroit; la peau rougeâtre, comme épilée: structure conforme aux indigènes. Les idoles antiques des Chinois présentent de leur côté une analogie physique très grande avec la race mongolique d'où il résulte

que les deux peuples chinois et mexicain, paraissent autochthones. Juge éclairé, M. de Humboldt, ne voit dans les Astèques que les descendants des Huns ou des Mongoux, actuellement effacés de la carte du monde.

Lacépède, avec Jefferson, Barton et Mitchell, fait venir du nord-est de l'Asie les tribus sauvages de l'Amérique. Walkenaer et Pinkerton s'élèvent contre la migration asiatique par deux raisons 1o le langage des deux peuples n'est pas assez connu, ni assez fortement réglé; 2o les hommes de la haute Asie sont en petit nombre, peu entreprenants, d'une nature différente des peuplades américaines: ce serait donc, disent-ils, plutôt éluder la difficulté que la résoudre. Les progrès de la linguistique, quant au langage d'agglutination, établissent une première preuve de l'affinité des peuples du nouveau et de l'ancien continent. Il y a de plus des signes évidents de ressemblance entre les riverains, comme les yeux légèrement obliques et d'autres traits d'organisation fidèlement représentés au portrait d'une femme aleutienne dans l'ouvrage de M. Pritchard. On est étonné de voir M. Klaproth nier la corrélation de pareils signes physiques. Les Tschourkhis, toujours rebelles à la Russie, toujours en guerre avec les Koriaques, n'ont rien d'asiatique, il est vrai, quoique parcourant les terres de l'extrémité septentionale et orientale de l'Asie; mais ils ont avec les sauvages du nord de l'Amérique le teint semblable, les mêmes cheveux noirs et les mêmes coutumes: similitude extrême qui assurément rapproche ces tribus d'une origine commune. Tout prouve que certaines hordes nomades ont quitté différents points de l'ancien continent pour coloniser l'Amérique, et de plus, qu'il y a un reflux de peuplades à leur source continentale primitive. N'est-il pas présumable aussi que des navigateurs sortis d'Afrique, égarés sur les mers, entraînés par les vents alisés qui soufflent toujours de l'est, aient abordé aux plages opposées des Indes occidentales? Les Natchez, habitants de la Floride, ont une légende qui fait venir leurs ancêtres de l'Orient, à travers les mers et au milieu de mille dangers.

Le progrès de la science est incontestable, et cependant

Lacépède (1), n'ose pas encore avancer sans guide anatomique au delà de la division du genre humain en trois races principales. Il place, à l'instar de Cuvier, chacune d'elles sur de hautes montagnes la race Arabe, Européenne ou Caucasique viendrait des grandes élévations du Caucase, près des rives occidentales de la mer Caspienne; la race Mongole aurait primitivement habité les monts de l'Altaï; la race nègre ou éthiopienne descendrait des montagnes africaines. Indépendamment de ces trois grands types, il a reconnu des races secondaires de Papous, de Hottentots, de Lapons, de Malais; et en Amérique, des Esquimaux et des Indiens aborigènes. Dans un second ouvrage (2), imitant l'exemple de Buffon, il a créé une quatrième race principale avec les Lapons, les Samoièdes, les Ostiaques et les Groenlandais. J'ai réuni dans un tableau synoptique la première classification de ce célèbre naturaliste.

(1) Hist. nat. de l'Homme, 1 vol. in-8°. Paris, 1827.

Art. ins. au Dict. des sc. nat. Paris, 1821.

(2) Géographie zoologique, les âges de la nature et l'histoire de l'espèce humaine, 2 vol. in-8°. Paris, 1830.

11 TABLEAU.

L'ESPÈCE

HUMAINE

se divise

II. TABLEAU SYNOPTIQUE

RACES HUMAINES D'APRÈS LACÉPÈDE.

10

1re variété.

Assyriens, Chaldéens, Arabes, Phéniciens Juifs, Abyssiniens, Egyptiens, habitants l'Afrique septentrionale.

Indiens | Perses.

RACE CAUCASIQUE 3° Scythes Tartares, Turcs, Finlandais, Hongrois et l'an

cien rameau des Parthes.

Scandinaves.
Germains ou Tudesques Allemands.

elle
se subdivise

4° Celtes.

Gots.

en

cinq variétés.

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habitent à l'orient du Gange, le Thibet et le Napoul, le royaume d'Avat.

1o Tartares ou Mongols Péguans, Siamois, Cochinchinois,

Tonquinois, Japonais, Corréens et Chinois.

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RACES SECONDAIRES

de 'Ancien-Continent.

4.

RACES SECONDAIRES du Nouveau-Monde.

RACE NEGRE
ÉTHIOPIQUE.

2 variétés.

1° Malais..

Monoëmugi, Macoco, Tumbuctu.

Tribus errantes.

2° Negres. Jaloffes, Foules ou Foulis, et d'autres tribus du Sénégal, de Sierra-Léone, de Maniguette, de la Côte-d'Or, d'Andra, du Bénin, du Majombo, des Mardingues, du Loango, d'Angola, de Benguela, du Congo.

habitent toutes les côtes des îles du Grand-Océan, depuis l'Orient de l'Afrique, jusqu'à l'Occident du NouveauMonde.

2o Papous..... | habitent la Nouvelle-Guinée

3o Hottentots. | peuplades nombreuses.

{

On y rapporte les indigènes de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Calédonie.

4° Lapons.... Samoièdes, Ostiaques, Kamtschatdales.

1o Esquimaux, ou les Lapons d'Amérique.

2o Indiens.

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