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CHAPITRE XVI.

RACES HUMAINES.

L'organisation de la peau est la pierre de touche qui décide à la fois de l'unité de l'espèce et de la classification des races.

1o Race (Anatomie) (1).

La peau humaine est une membrane complexe: dans sa structure, elle comprend l'épiderme, le tissu pigmental et le derme, tissus élémentaires superposés, membraneux et blanchâtres; de nature et de propriétés entièrement distinctes.

Le corps muqueux de Malpighi est le pigment, siége anatomique de la couleur : il se trouve étalé en couche mince. granuleuse dessous la cuticule et au dessus du tissu nouveau. Les anatomistes ont coutume de décrire le tissu réticulaire blanc de l'Européen et noir du Nègre: différence de structure qui serait une différence spécifique: il n'en est rien. Le pigment, c'est-à-dire le réseau muqueux, le corps muqueux coloré est connu': mais le tissu incolore qui, modifié, le produit, n'a jamais été soulevé en membrane fine et continue avant mes recherches.

Dès que le tégument se colore il se fait une métamorphose: les cellules blanches du tissu médian ou pigmental, se trans

(1) Voyez mes études d'anatomie comparée: 1 Mémoire, recherches du tissu pigmental; 2 Mémoire, Métamorphoses du tissu pigmental.

forment en granulations colorées. Pour la race Européenne, les granules restent combinés et limités à certaines régions du corps: pour les races de couleur, ils deviennent libres, isolés, et se déploient en fine couche granulée et nouvelle, constituant le corps muqueux de Malphigi. Chaussier croyait que cette couche plastique et colorée était secrétée par le derme. Douée d'une extrême sensibilité à la lumière, la membrane moyenne de la peau éprouve des variations de teinture selon les continents: elle reproduit dans l'ordre anatomique l'effet physique curieux de la photographie. De même qu'il faut au daguerréotype des feuilles préparées et sensibles aux rayons lumineux, de même la nature a doté le tégument d'une membrane fine, très modifiable, et qui, admirablement bien préparée par l'hérédité de race, reçoit et garde l'empreinte de l'action du brillant artiste de l'univers.

Le système muqueux ou le tégument interne participe au phénomène de la teinture naturelle. Les surfaces exposées à l'influence des rayons solaires se colorent, et même, elles se colorent d'autant plus fortement qu'elles sont plus exposées. Le palais, la langue, les joues d'un grand nombre de mammifères présentent des plaques variables de teintes, variables de forme et de grandeur. La membrane muqueuse qui déborde les cavités nasale et buccale est tavelée ou l'objet d'une espèce de marqueterie noirâtre, brunâtre et violacée qui fait croire à la coloration du derme cutané des quadrupèdes.

L'homme ne reste pas étranger aux métamorphoses du tégument interne. En 1702, Littre disséquant un nègre, s'aperçut qu'une partie de la muqueuse exposée et naturellement recouverte, devint noire comme la peau. Bory rapporte que les Malais, particulièrement leurs femmes « avaient ordinairement l'intérieur de la bouche d'un violet prononcé; ce que nous ne pouvons mieux comparer, ajoute-t-il, qu'à la couleur du palais et de la langue des chiens de la variété vulgaire appelée carlins.>> Quelques femmes des îles de France et de Mascareigne, de souche européenne, très blanches de teint, lui ont offert la même particularité anatomique; d'où il suppose une alliance antérieure des familles avec les Malais. Il a vu des dames de

Galice et d'Andalousie, blanches de peau, colorées à la muqueuse buccale comme elles descendaient d'employés du gouvernement dans l'Amérique espagnole, il a supposé des liens de consanguïnité avec les aborigènes du Mexique et du Pérou, Indiens qui devaient offrir ce singulier phénomène. Freycinet a vérifié la coloration violacée chez les Malais: il ne l'a plus rencontrée aux Philippines. La couleur ne tient pas à l'usage de mâcher du betel mélangé avec de l'arec et de la chaux: tous les peuples de l'Asie méridionale ont la même coutume sans offrir la même coloration. J'ai vu des taches noirâtres et violacées à la langue des Européens: un de mes amis a depuis plus de quarante ans une raie noire longitudinale aux papilles de la langue. Toutes ces modifications ont sans aucun doute leur siége dans le tissu médian des membranes muqueuses: elles proviennent du pigment combiné.

L'espèce humaine possède cinq variétés de pigments, le noir, le brun-verdâtre, le rouge-orangé, le jaune et le bleu: les autres couleurs et leurs nuances infinies tombent dans le domaine de la zoologie.

L'épiderme, voile organique légèrement opaque, masque la composition du pigment; il cause les plus grandes erreurs; il a fait abandonner la classification des races par la couleur. Les granules pigmentaires d'une race sont toujours multiples; or, l'agglomération des granules diversement colorés produit une couleur composée qui a un reflet particulier entièrement distinct des couleurs élémentaires. En examinant la peau on considère généralement simple ou d'une seule nuance, la teinte du pigment. On juge à la vue le pigmentum noir alors que anatomiquement il est brun et noir; on juge encore le pigment cuivré alors qu'il contient une triple granulation orangée, rouge et brune; on juge enfin le pigmentum brun, alors qu'il a des granules olivâtres et bruns. Un caractère constant des métamorphoses du tissu pigmental de toutes les variétés humaines, est la granulation brune, tantôt combinée à la peau européenne, tantôt libre et variable de quantité; elle est très rare chez le Nègre et l'Américain, plus abondante chez les Arabes et les mulâtres.

Le tissu épidermique altérant la couleur du pigment des races, si variablement jugées par les voyageurs (1), a fait concevoir l'idée théorique d'un seul et même pigment pour toutes les variétés humaines. L'unité de nature existe: les pigments sont des cellules blanches du même tissu métamorphosé en granules colorés. L'unité de composition n'existe point: il y a des granules différemment teints au même pigment. L'échelle des couleurs ou la couleur unique se divisant par degrés variables est une opinion favorable à l'unité de l'espèce. Il n'est pas prouvé en physique que les sept rayons colorés du spectre solaire soient une seule série de nuances graduées, successives, insensibles. La théorie de M. Prieur en réduisant le système de Newton, a des proportions plus simples, reconnaît encore trois rayons lumineux particuliers, les verts, les violets et les rouges: tous réunis, ils forment le blanc: combinés deux à deux, ils constituent les verts et les violets, le bleu; les verts et les rouges, le jaune; les violets et les rouges, le pourpre. Il admet encore des nuances intermédiaires entre les rayons simples et les rayons composés.

(1) « La peau des Malais est de couleur marron ou plutôt de rhubarbe, tirant sur le rouge de brique, le jaunâtre, le brun, le cuivre de Rosette, et même se rapprochant du blanc, du cendré et du noir.» Quelle confusion! L'étude du pigment éclaircira l'origine des variétés humaines confondues sous le nom de peuple malais.

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4 Variété.

bruns très rares. Granules inconnus.

5 Variété. Granules combinés au tissu.

Il colore: 1° L'iris, les procès ciliaires, la choroïde, les] cheveux;

2o La peau des Nègres.

Il colore 1° L'iris, les cheveux châtains; 2o La peau des Arabes, des Kabyles 3o La peau des mulâtres et des métis.

Il colore: 1° L'iris, les cheveux rouges; 2o La peau cuivrée des Américains.

Pigmentum jaune (analogie). Il colore : 1° L'iris, les cheveux blonds;

Pigmentum bleu.

2o La peau jaune des Asiatiques. Il colore: 10 L'iris des Européens.

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