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l'Allemagne ait été le principal théâtre où la dogmatique protestante se soit agitée et modifiée, les phénomènes étrangers doivent avoir aussi leur place dans une histoire générale. Sans nous arrêter du reste plus longtemps à ce qui n'est qu'une question de titre, prenons l'ouvrage tel qu'il est, et tenons compte à l'auteur des difficultés qu'il y avait à vaincre pour arriver à le produire. Le principe adopté est de faire parler leur propre langage aux représentans des tendances et des systèmes choisis pour paraître en scène, et des notes nombreuses servent à appuyer, du passage textuel de l'écrivain, l'assertion qui lui est prêtée. Quant au style qui lie le tout en un corps et l'harmonise, il a de la vigueur, trop de vigueur même, car il se perd souvent dans des hauteurs poétiques qui blessent les lois auxquelles doit obéir un travail historique, et emporte l'auteur à des appréciations quelquefois hasardées. Nous ne voulons point examiner si les idéalistes et les philosophes de la nature ont rendu à la vie religieuse d'aussi grands services que le croit l'auteur.

La Bible, traduction nouvelle, avec l'hébreu en regard, accompagné de points voyelles et des accents toniques, avec des notes philologiques, géographiques et littéraires, et les variantes de la version des Septante et du texte samaritain, par S. Cahen. Tome XII. Les Prophètes. Tome VII. Les douze petits Prophètes. Paris, Treuttel et Würtz, 1843. In-8° de 55-181 p.

Si ce nouveau volume de la Bible de M. Cahen a éprouvé quelque retard, il ne faut point en accuser l'auteur, qui, tout en avançant dans la tâche qu'il s'est imposée, en reconnaît de plus en plus toute la difficulté. Le temps qu'il a consacré à la traduction française des douze petits Prophètes est pour nous une garantie de soin et de consciencieuse persévérance, qualités dont nous avons reconnu l'existence dans le volume que nous avons sous les yeux. Inutile d'entrer dans de nouveaux détails sur le nom des Prophètes et sur l'esprit et le sens de leurs

productions; nous nous contenterons d'indiquer en peu de mots la marche suivie par le nouveau traducteur, et les sources auxquelles il a puisé.

Pour l'ordre des Prophètes, M. Cahen a suivi celui des éditions hébraïques, qui, on le sait, diffère de l'ordre adopté par les Septante. Comme précédemment, il a mis à contribution les Commentaires de Kim'hi, d'Aben Esra, d'Abarbanel, les travaux de Rosenmuller et de Maurer; il a de plus consulté l'ouvrage de Hitzig sur les douze petits Prophètes. Pour Amos, M. Cahen a trouvé un utile secours dans le savoir et la critique de M. Testard; quant au texte de Michée, il a eu sous les yeux un travail de M. Jacob Pardou, publié par M. Luzzato, professeur au collége rabbinique de Padoue. Mentionnons encore le docteur A. Wolf, dont les travaux ont été mis à contribution par le nouveau traducteur pour Habacuc, et M. Delaborde, dont on a donné quelques extraits tirés de son Commentaire géographique sur l'Exode et sur les Nombres. Enfin nous citerons un travail tout nouveau appartenant en propre à M. Cahen; nous voulons parler de la préface d'Abarbanel traduite en français pour la première fois. On le voit, ce volume présente un ensemble de recherches que l'on trouverait difficilement ailleurs. A part le mérite de la traduction, qui se distingue par une grande clarté et une scrupuleuse exactitude, les notes contiennent des renseignemens curieux qui intéressent à la fois le philologue, le géographe et l'historien. Nous trouvons dans la préface de M. Cahen l'annonce d'un travail de M. Munk, de la Bibliothèque Royale, travail qui porte sur le prophète Habacuc, et qui doit accompagner le volume de M. Cahen. C'est le texte inédit, avec traduction et notes, du Commentaire de Rabbi Tan'houm, de Jérusalem, d'après l'unique manuscrit qui existe et qui se trouve à la Bibliothèque d'Oxford. L'impression de ce travail important est très-avancée et doit paraître prochainement. Nous reviendrons sur ce travail.

Avant de quitter M. Cahen, nous devons dire un mot d'un recueil mensuel qu'il publie depuis trois ans sous le titre de :

Archives israélites de France. Le but de cette publication est de tenir ses coreligionnaires au courant des événemens et des publications qui intéressent le judaïsme. L'étude de l'hébreu est peu cultivée en France; et cependant les monumens littéraires de cette langue sont une mine d'une richesse incontestable et malheureusement trop peu exploitée. Le succès des Archives israélites de France nous paraît assuré; nous nous empressons avec plaisir de constater ce fait, et de rendre toute justice au mérite et au talent de son rédacteur en chef.

JURISPRUDENCE.

Cursus der Institutionen, u. s. w. Cours d'Institutes,

par G. F. Putcha. Tome II.

Haertel, 1842. In-8° de x-792 p.

Leipzig, Breitkopf et

En annonçant le premier volume de cet ouvrage (voir novembre 1841, p. 973), nous nous sommes expliqués sur le dessein et les vues de l'auteur; nous nous bornerons donc à mentionner le contenu de ce second volume. Le livre III (Histoire de la procédure civile romaine) se compose d'une introduction et de deux chapitres histoire de la procédure civile dans les trois premiers périodes, et histoire de la procédure civile dans le quatrième période. Le livre Iv (Système et Histoire du droit privé romain) se compose d'une introduction et des sept chapitres suivans: droits en général, personnes, droit de possession,- propriété,

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ficies et emphyteose, droit de gage, servitudes. Le fait de placer la procédure avant le système est particulier à l'auteur; il y a été guidé par la prédominance de l'élément historique qui doit se manifester dans le cours entier. On a contesté l'utilité de cet ordre dans un cours d'Institutes, destiné à servir de guide absolu pour l'étude. La procédure est le produit de l'expérience; l'expérience seule y conduit; or, il faut beaucoup de connaissances préliminaires pour arriver à l'expérience; et dans l'espèce, l'aperçu de l'ensemble du droit privé romain

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était appelé à jouer le rôle d'introduction. C'était l'unique moyen d'éviter l'absence de réalité que présente l'étude isolée de la procédure, le manque de base qui en rend l'intelligence problématique; et enfin de prêter un motif rationnel à la foule d'exemples qu'entraîne avec soi le développement de la procédure. Dans le chapitre premier du système et de l'histoire du droit privé romain, l'auteur traite des droits en général, et cela dans l'ordre suivant: sujet des droits, objet des droits, →→ protection des droits. La première de ces trois divisions se subdivise ainsi : espèces de personnes, espèces de droits d'après la position des personnaissance et expiration des droits; ce dernier article se partage encore en observations générales, influence du temps, histoire du droit ; et de l'histoire du droit l'auteur forme deux sections: la première comprenant les observations générales, les actions judiciaires, l'histoire du droit, les débats; la seconde, les donations. Cette position des donations dans la classe des développemens généraux de premier ordre a pour elle le suffrage de M. de Savigny; on a cependant contesté la rectitude de ce classement. Du reste, on s'accorde à rendre hommage à la sagacité de l'auteur, à la précision du style et à la profonde connaissance de la matière qui apparaît dans chaque partie de son ouvrage.

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Théorie du jury, ou Observations sur le jury et sur les institutions judiciaires criminelles anciennes et modernes, par C. F. Oudot, ancien conseiller à la Cour de Cassation (ouvrage posthume). Paris, 1843, Joubert, libraire. Imp. de Duverger. In-8° de xvi-479 p.

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Charles-François Oudot, fils d'un conseiller au grenier à sel de Nuits, en Bourgogne, naquit dans cette ville, le 4 avril 1755. Ondot eut pour compagnons d'enfance et de jeunesse Théophile Berlier, les frères Carnot, et quelques autres hommes avec lesquels il devait se trouver plus tard appelé à la direction des affaires publiques. Successivement avocat au

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Parlement de Dijon, substitut du procureur général près cette cour, commissaire du roi près le district de Beaune, lors de la nouvelle organisation judiciaire en 1791, membre de l'Assemblée législative, où il représentait le département de la Côte-d'Or, membre de cette terrible Convention qui après avoir tué ses ennemis, se décimait elle-même, des Conseils des cinq cents et des anciens, M. Oudot, prit part à tous les travaux législatifs de cette époque. Un arrêté du Directoire exécutif du 20 juin 1799 l'appela à la Cour de Cassation, comme suppléant de Gohier; il y fut nommé juge au mois d'avril suivant. Maintenu dans ses fonctions par la première Restauration, il fut puni en 1816, pour avoir prêté serment au Gouvernement des Cent jours, par la loi du 12 janvier, qui prononçait son exil. Il se retira à Bruxelles, où il retrouva plusieurs de ses collègues, Berlier, Merlin, Thibaudeau, Pons de Verdun, et d'autres avec lesquels il n'avait cessé d'entretenir les plus affectueuses relations. Il employa les loisirs que lui faisait la mauvaise fortune à la composition de l'ouvrage que ses héritiers publient aujourd'hui, et dont il donna deux extraits assez étendus dans l'Encyclopédie moderne de Courtin, aux articles JURY et Procédure SECRETE de l'édition de Bruxelles (1828). La loi du 11 septembre 1830 rendit à M. Oudot, déjà âgé de 75 ans, la faculté de revoir sa patrie; il se hâta d'en profiter pour revenir à Paris, où une décision royale du 19 novembre lui accorda une pension de retraite de six mille francs, dont il a joui jusqu'à sa mort, arrivée le 12 avril 1841, après l'accomplissement de sa quatre-vingt-sixième année. Il comptait parmi les membres de la Légion d'honneur, depuis la création de l'ordre.

M. Oudot, dans un rapide avant-propos, a tracé lui-même le sujet de son ouvrage et le plan qu'il s'est proposé de suivre. Il a tâché, dit-il, de réunir dans un cadre resserré tout ce qui lui a semblé propre à faire apprécier les principes essentiels du jury; à en faire connaître l'esprit et le but, à en démontrer les avantages, afin d'attacher les hommes libres à cette institution, par tous les motifs qui doivent la leur rendre

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