Imagens das páginas
PDF
ePub

naître de ces Prêtreffes étoient élevés dans le Temple, leur naiffance leur donnant à tous les droits & les priviléges de leurs meres.

Pentaphile, dont les vastes vûes s'étendoient jufqu'aux tems les plus réculés, fe crue obligée, par ce nouvel établis fement, de faire encore une Loi qui tendît à augmenter la population, en ordonnant à tous fes Sujets de vifiter au moins une fois l'année le Temple de la Déeffe Pallas, & d'y prendre les bains falutaires afin de contribuer aurant qu'il feroit en leur pouvoir, à multiplier le nombre des Amazones, qui doit toujours être

la richeffe d'un Etat, par l'émulation que chacune fe donne pour le procurer le nécesfaire & même les ailances de la vie, & pour contenir les peuples dans leur devoir. On ajouta que toutes celles qui contreviendroient à cette Loi, foit en négligeant le culte qu'on devoit rendre à la Décffe, foit en recherchant la compagnie d'un sexe banni depuis long-tems par les Loix, ferpient condamnées à être renfermées pour le reste de leurs jours dans la Tour des Regrets, fans égard à la jeuneffe ni à la naiffance, ni aux dignités.

Ce fut plus de vingt ans après ce grand événement que

les Ambaffadeurs du Roi de Lydie arriverent à la Cour de la Reine Pentaphile, où ils furent reçus avec une magnificence digne de cette Princeffe. Comme, fuivant les Loix du Royaume, ils ne pouvoient. féjourner dans fes Etats, l'audience leur fut accordée fur le champ. La Reine, après avoir accordé leur demande, les renvoya avec de riches préfens, en les chargeant de lettres pleines de tendresse pour le Roi fon frere & pour la Reine Cliceria.

Pentaphile, charmée de la propofition que le Roi de Lydie lui faifoit faire de permettre que la Princeffe Tramarine fut élevée à fa Cour

nomma

nomma les premieres Dames du Palais pour aller au devant de la jeune Princeffe, la prendre fur la frontiere afin de la ramener avec les femmes de fa Suite. Un nombreux cortège d'Amazones fut commandé pour les accompagner. On prépara pendant leur voyage l'appartement que devoit occuper la jeune Princeffe, qui fut à côté de celui de la Reine; fa Majefté voulant ellemême veiller fur la conduite des perfonnes qui feroient chargées de l'éducation de la Princefle.

Quelques Critiques diront peut-être qu'on ne devoit pas craindre la féduction dans une Cour & même dans un

I, Part.

B

Royaume où nul homme n'ofoit paroître, & que l'on pouvoit comparer à une République d'Abeilles dont les Bourdons font chaffés à coups de fléches. Cependant quoique la Reine eût délivré fes Peuples de la dépendance des hommes, en leur faifant envifager la domination qu'ils s'étoient appropriée comme un joug tyrannique, & malgré le defpotifme qu'elle avoit établi, elle fit néanmoins de mûres réflexions fur les abus qui pouvoient s'introduire foit par des déguisemens ou d'autres intrigues des femmes de fa Cour. Elle n'ignoroit pas que leur fociété devient quelquefois auffi dangereufe que celle des hommes,

« AnteriorContinuar »