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-accompagnée, la fatisfaction qu'il avoit de les voir embellir fa Cour; les Courtifans, à leur tour, pour marquer leur zele & leur attachement au Roi & à leur Souveraine, s'emprefferent à imaginer de nouveaux Divertiffemens qui puffent l'amufer & lui plaire.

Plufieurs années fe pafferent ainfi dans les plaifirs, fans qu'ils fuffent troublés que par l'inquiétude que le Roi fit paroître de n'avoir point de Succeffeur. Le defir d'en obtenir fit enfin fuccéder les vœux & les facrifices aux ris & aux jeux; le Roi & la Reine en firent offrir dans tous les Temples, où ils affifterent l'un &

l'autre avec une piété digne

d'exemple. Des vœux que le cœur avoit formés ne pouvoient manquer de fléchir les Dieux; ils furent enfin exaucés; la Reine déclara qu'elle étoit enceinte. On ne peut exprimer la joie que cette nouvelle répandit dans tous les cœurs, le Roi ordonna des prieres en actions de graces; les peuples coururent en foule aux Temples pour prier les Dieux de leur accorder un Prince qui les gouvernât avec autant de fageffe, de raifon, de juftice & de douceur, que celui qui regnoit fur eux; qu'il fût en même tems l'héritier de fes vertus, de fa clémence & de tous.

fes talens, comme il devoit l'être de fes Etats. Les Dieux furent fourds à leurs prieres; la Reine mit au monde une Princeffe; l'on fit néanmoins beaucoup de réjouiflances à la naiffance de cette Princeffe qui fut nommée Tramarine. Ophtes, curieux d'apprendre la deftinée d'un enfant fi long-tems defiré, ordonna à fon premier Miniftre d'aller confulter l'Oracle de Vénus. Il le chargea en même tems de riches préfens qui devoient fervir à orner le Temple de la Déeffe. Lorfque la Pythie fe fut mise fur le trépied, elle parut d'abord agitée par l'Efprit divin qui la rempliffoit; fes cheveux fe hérifferent, tout

l'antre retentit d'un bruit femblable à celui du tonnerre. Alors fe fit entendre une voix qui paroiffoit fortir du fond de fa poitrine, qui prononça que cet enfant, en prenant une forme divine, ne reverroit fon pere qu'après la ruine.

Cette réponse à laquelle il auroit fallu un fecond Oracle pour l'expliquer, affligea sen fiblement le Miniftre, qui revint à la Cour avec un vifage confterné, n'ofant annoncer au Roi la réponse que la Déeffe avoit prononcée par la bouche de la Pythie. D'abord il chercha quelque phrase qui pût éclaircir la réponse de l'Oracle, & y donner un fens plus favorable. Mais le Roi jugeant,

par fon air trifte, que les prédictions n'étoient pas favorables à la Princeffe, lui ordonna fi pofitivement de ne lui rien cacher, fous peine de la vie, que le Miniftre fe vit dans la néceffité d'obéir. C'eft avec bien de la douleur, Seigneur, lui dit-il, que je me vois contraint d'annoncer à votre Majesté les funeftes décrets que l'Oracle a prononcés fur la deftinée de la Princeffe Tramarine. Je voulois épar gner à votre Majefté la douleur de l'entendre; la voici :

Cet enfant, en prenant une forme divine. Ne reverra fon pere qu'après fa ruine.

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Mais, Seigneur, ajouta le Miniftre, votre Majefté ni

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