voir d'autres objets que ceux qui paroiffent devant lui; il fe trouble, fes cheveux fe hériffent, fon vifage s'enflam. me, &, élevant fes bras, il les tient immobiles; fa voix s'arrête, il ne refpire plus qu'à peine, il eft hors d'haleine, & paroît ne pouvoir renfermer au dedans de lui l'esprit divin qui l'agite. O heureuse Princeffe, ditil dans fon enthousiasme ! Que voisje & quel eft ton bonheur ? Dieux, couronnez votre ouvrage! Et toi, pourfuivit-il en s'adreffant au Chevalier, noble Etranger dont les travaux ont furpaffé ceux de tous les Mortels, puiffe le Dieu que tu implores, te combler de fes faveurs les plus précieuses! Le Grand-Prêtre leur fit figne en même tems de s'approcher de l'Autel, & le Chevalier, qui étoit défarmé, présenta la main à la Princeffe Amafis cette Princeffe étoit encore couverte d'un voile épais. Ils s'avancerent l'un & l'autre devant la Statue du Soleil au bas de laquelle le Grand-Prêtre étoit debout portant dans fes mains la coupe nuptiale. Les Prêtresses étoient rangées des deux côtés du Grand-Prêtre qui, après qu'il eût fait boire aux deux époux ce qui étoit dans la coupe, leur prit les mains qu'il joignit ensemble, en faisant prononcer ces paroles au Chevalier: Je jure par le Soleil, pere de la Nature, Par toi auffi, belle Lune, feule Divinité Puifque fans cefle le même amour Les Prêtreffes & les Filles du Soleil reprirent en Chœur : Enflamme à-jamais le cœur de la Princesse. Ce qui fut répété plufieurs fois fois avec des accompagnemens dont les accords étoient délicieux. La Princeffe Amafis ajouta enfuite d'une voixargentine & fonore: Que les Dieux répandent dans nos cœurs Que mon époux, toujours couvert de gloire, toire, Gravée, en lettres d'or, au Temple de Ce qui fut encore répété plu- porte du F Temple, où le Chevalier monta, avec la Princeffe Amafis dans un char magnifique, qui fut d'abord enlevé par des Aigles qui les tranfporterent dans le Palais du Roi. Le Prince des Ondins, voulant procurer à Tramarine la fatisfaction de voir la fin de cette cérémonie, la conduifit avec le Roi de Lydie par un grand canal, dont les eaux, diftribuées avec art, fe répandoient par différens petits ca naux dans une grande galerie, pour y former aux deux bouts de délicieufes cafcades, où l'on avoit foin de faire couler en “ même tems des eaux distilléés d'odeurs les plus exquifes. Ce fut dans une de ces cafcades' |