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naldon employa long-tems les prieres & les plus tendres fupplications, pour tâcher de féduire la Reine; mais s'apperE cevant qu'elles ne faifoient qu'augmenter le mépris qu'elle avoit pour lui, il changea de conduite, en fubftituant les menaces les plus terribles fi elle ne fe rendoit à fes defirs. Toutes ces différentes attaques. furent vaines: Cliceria, fortifiée par la gloire & la vertu les foutint avec une fermeté digne de fon rang.

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Je fus inftruit d'une partie de fes peines par une des femmes de la Reine, qui, jouiffant d'un peu plus de liberté,. avoit trouvé le fecret de gagner un de mes Gardes, qui

l'introduifoit pendant la nuit dans mon appartement. Quoique cette femme s'efforçât de diminuer une partie de l'affreufe fituation dans laquelle fe trouvoit Cliceria, mon efprit, toujours industrieux à me tourmenter, me la faifoit reffentir telle qu'elle étoit. Açcablé de douleur, & ne pouvant rien pour adoucir les pei

nes d'une Princeffe qui m'étoit d'autant plus chere, que j'étois très-perfuadé qu'elle ne devoit fes maux qu'à l'attachement qu'elle avoit toujours eu pour moi, je ne pouvois néanmoins les adoucir. Il eft peutêtre fans exemple que des Sujets, que j'avois traités plutôt en pere qu'en Roi, s'intéres

faffent

faffent affez

peu à mon fort pour n'ofer former le deffein de me délivrer de ma captivité; je ne pouvois donc qu'exhorter la Reine à fouffrir conftamment des peines qu'elle ne pouvoit éviter.

Pencanaldon, qui ne vouloit pas s'éloigner de la Reine, donna ordre à fes Généraux de s'emparer de toute la Lydie; ce qu'ils exécuterent en deux campagnes, perfonne ne s'oppofant à leurs rapides conquêtes. J'appris ces fâcheufes nouvelles, avec celles que mes Peuples s'étoient rendus, fans aucune résistance, à mon perfide Tyran; & ce qui mit le comble à mon désespoir, fut perte des deux jeunes Prin

la

11. Part,

B

ces que j'avois laiffés dans mon Palais fous la conduite de leur Gouverneur, homme dont la probité m'étoit connue. Je redoutois, avec raifon

les

eruautés de cet ennemi de l'humanité mais voici le dernier coup de fa perfidie.

La Reine, qui étoit enceinte lorfqu'on nous fit prifonniers, avoit caché, avec un foin extrême, l'état où elle étoit. Célinde, celle de fes femmes dans laquelle elle avoit le plus de confiance s'offrit à la délivrer d'une Princeffe qu'elle se disposoit de soustraire aux yeux du cruel Pencanaldon, lorsqu'il entra inopinément dans l'appartement de la Reine, où, fe

faififfant de cette innocente victime, il l'emporta lui-même pour la donner à fa fille, nommée Argiliane, avec ordre de la faire exposer dans la Forêt à la voracité des bêtes féroces. Argiliane, frémissant d'un Arrêt fi inhumain, loin d'obéir aux ordres de fon pere, conduifit feule la petite Princeffe dans l'ifle Craintive : cette ifle lui avoit été donnée pour fon apanage, avec le pouvoir de commander. Après avoir doué cet enfant de toutes les perfections imaginables, elle lui donna le nom de Brillante; &, pour la fouftraire aux recherches de Pencanaldon, au cas qu'il vînt à découvrir fa défobéiffance,

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