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parler au Roi notre pere. Je Tuis défefpérée, dit Tramarine, d'être obligée de vous refufer, je ne puis me rendre à vos defirs fans bleffer nos Loix; le Roi Ophtes, après avoir perdu la vie qui l'attachoit à la Terre, eft, à la vérité, reçu parmi les Ondins, mais il ne peut jouir du privilége des Génies qui peuvent, quand il leur plaît, fe découvrir aux Mortels. Je vous promets néanmoins de venir vous voir le plus fouvent que je pourrai. Le Génie, s'approchant alors des deux Princeffes, les avertit qu'il étoit tems de fe féparer; &, après les plus tendres adieux, l'Amour conduifit le Génie & Tramarine dans leur

char, & leur promit de leur être toujours fidelement attaché.

Cette féparation fut le premier chagrin que Brillante éprouva. Il la rendit quelque tems rêveufe, fans néanmoins lui donner de l'humeur : elle n'en avoit jamais, &, lorf qu'elle reffentoit de la douleur, fes plaintes étoient toujours tendres & touchantes; mais l'Amour, pour diffiper fa trifteffe, fit naître de nouveaux plaifirs. On prétend même que c'eft de fon union avec Brillante, qu'eft née cette multitude de petits Amours folâtres; & je ferois affez porté

à le croire.

Le Génie Verdoyant & Tra

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marine continuerent leur voyage, en s'entretenant avec le Roi de Lydie de l'heureux mariage de l'Amour avec la Princeffe, & lui faifant une vive peinture des plaifirs qu'ils goûtoient fans ceffe par leur union; plaifirs d'autant plus defirables & plus fenfibles, que le tems ne pourroit jamais les dimi

nuer.

CHAPITRE XII.

Hiftoire du Prince Nubécula fils du Génie Verdoyant & de la Princeffe Tramarine.

VERDOYANT,

voulant

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procurer à la Princefle Tramarine une de ces furprises, qui agiffent toujours avec im. pétuofité fur nos fens, la conduifit dans une contrée où la plupart des Citoyens ne s'occupent que de l'avenir. Ces peuples, quoique fans ceffe en difpute, femblent néanmoins ne chercher qu'à jouir d'une éternelle paix; mais, au milieu

de

de cette prétendue paix, ils font prefque tous malheureux, ils s'ennuient & languiffent, parce qu'ils ne veulent point reconnoître l'Amour, qui feul eft capable d'égayer l'efprit & d'occuper agréablement l'imagination. Car, fans l'Amour, n'eft-on pas privé du plaifir que donne l'éclat des grandeurs, la pompe & le fafte des richeffes? Les charmes de la gloire ne font rien, & les attraits des beautés les plus touchantes deviennent infipides. Que je les trouve à plaindre!

Ce fut chez ces peuples que le Génie Verdoyant conduifit la Princeffe Tramarine & le Roi de Lydie. Ils arriverent 11. Part.

E

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