ANNALES

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DE L'AIN

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DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉMULATION

(AGRICULTURE, SCIENCES, LETTRES & ARTS)

DE L'AIN

TOME XXVIII

1895

BOURG

IMPRIMERIE DU COURRIER DE L'AIN

1895

VIRIEU-LE-GRAND

SON CHATEAU, SES SEIGNEURS

LE CHATEAU DE VIRIEU

Du vallon où l'Arène, à la course effrénée,
En passant jette aux monts la clameur de ses eaux,
On voit d'un vieux manoir la tour abandonnée
A qui le temps ôta, reine découronnée,

Son diadème de créneaux.

C'est là que, fatigués de la chasse et des guerres,
Les barons d'autrefois renfermaient leurs soucis ;
C'est là que des Croisés les veuves solitaires
Attendaient... C'était là que pour charmer nos pères
D'Urfé composait ses écrits.

Dérision l'arbuste escalade le faîte,

Et des murs ruinés poussent de frais rameaux
Dont le panache vert ondule sur leurs têtes,
Et ressemble de loin à des bouquets de fêtes
Qu'on met au front des toits nouveaux.

Comme on voit aux tombeaux des épouses royales
Un lévrier qui repose à leurs pieds, allongé,
Le village est couché sous les tours féodales
Et leur ombre répand ses teintes inégales

Sur le val de brume noyé.

Plus haut, c'est la cascade et ses rumeurs lointaines,

Le rustique moulin avec son chant joyeux,

De Sorémont altier les cimes hautaines,

Et ses grottes sombres, demeures souterraines

De fantômes mystérieux.